Click "Enter" to submit the form.

Anaïs Boudot à la galerie La Filature

Jour et Ombre © Anaïs Boudot

Dans le cadre des Nuits de l’Étrange, la Galerie de La Filature à Mulhouse propose l’exposition “Reliques des jours”, réunissant deux séries photographiques : “Les Oubliées” et “Jour le jour”. Par des allers-retours constants entre argentique et numérique, Anaïs Boudot interroge les moyens propres du medium photographique et s’aventure vers le domaine de l’hybridation. Le paysage et la lumière – comme des évocations d’espaces mentaux, de remémoration – sont au cœur de ses travaux. Elle interroge les frontières du visible et s’engage dans ces interstices créés entre temps et mouvements.


Type de fabrication : Impression sur dibond alu brossé doré.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


LES OUBLIÉES
C’est à la suite d’une plaque de verre oubliée par Brassaï dans l’atelier de Picasso que ce dernier commença à développer un travail particulier sur ce support. « Et, en effet, elle n’est plus vierge » s’écria Brassaï en découvrant la plaque retravaillée par Picasso comme le rappelle Héloise Conésa dans son introduction. Reprenant les propos d’Anne Baldassari, elle poursuit : « l’artiste-toro se penche sur la plaie mortelle qu’il inflige au réel afin qu’il advienne la figure si belle sur la plaque d’argent ». À son tour, quelques années plus tard, Brassaï commença sa série des Transmutations par lesquelles il grave non pas sur des plaques vierges mais sur des négatifs originaux.
Face à ces deux monstres sacrés de l’art moderne, Anaïs Boudot répond à une invitation de The Eyes, en reprenant sa propre collection de visages anonymes sur verre, pour les retravailler à même la gélatine. Parmi ces portraits d’anonymes des années 20, 30 et 40 s’imposent les visages de femmes. Là où chez Picasso et Brassaï le grattage de la gélatine s‘apparente à un « acte chirurgical beaucoup plus intrusif pour faire ressortir la plastique de l’œuvre », la photographe choisit la dorure pour redorer ces images d’inconnues, sublimer l’image de ces femmes, ces muses si peu considérées par ces maîtres et oubliées de l’Histoire de l’Art. C’est dans cette démarche autant instinctive qu’expérimentale que s’inscrit le travail d’Anaïs Boudot, celle de rendre visible l’invisible.
Courtoisie The Eyes Publishing

JOUR LE JOUR
« Si ce projet fait un pas de côté par rapport à mes préoccupations habituelles, il en n’est pas moins la suite logique de procédés techniques déjà mis en œuvre précédemment, en particulier les images sur verre type orotone de la Noche Oscura. D’autre part, il s’agit d’un constat tout à fait contemporain quant au rapport intime que nous entretenons aux images.
Il s’agit d’une série de petites images sur verre, format téléphone portable et tablette, et gélatine photo-argentique. Ce format de manière surprenante évoque également le format des photos cartes du XIXe siècle avec leurs coins arrondis. Ce projet est né de la nécessité d’extraire certaines images de ce flux continu, de les matérialiser, bref de les sortir du disque dur… Ces images jouent de leur statut ambigu entre ancien et contemporain.
Photos envoyées, photos reçues, prises de notes, captures d’écrans, les images gardées par nos téléphones portables de manière continuelle, se retrouvent équivalentes les unes aux autres, constituant un journal en temps réel, un appendice de notre mémoire. La (les) photo(s) du chat, des paysages en passant par la capture de Google Maps, la photo d’un repas mémorable sur un bord de route, un fragment gardé dans une exposition, le chemin de la soirée, le dernier jour de mer, une fleur, le temps qu’il fait ici et là… »
Anaïs Boudot
Courtoisie Galerie Binome

Commissariat Superpartners (Nadège Piton et SMITH) textes de l’exposition Hélène Giannecchini
Coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse, Art culture & Co, Bilbao Arte, la région Centre Val-de-Loire
Remerciements Galerie Binome, The Eyes Publishing, Maison Oriza L. Legrand

Anaïs Boudot est née à Metz en 1984. Photographe française diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie en 2010 et du Fresnoy, studio national des arts contemporains en 2013, elle poursuit sa recherche dans le cadre d’une résidence à l’Académie de France à Madrid, la Casa de Velazquez en 2016-2017. Par des allers-retours constants entre argentique et numérique, elle cherche à interroger les moyens propres de ce medium et s’aventure vers le domaine de l’hybridation. Le paysage et la lumière – comme des évocations d’espaces mentaux, du domaine de la remémoration – se retrouvent au cœur de ses travaux. Elle interroge les frontières du visible et s’engage dans ces interstices créés entre temps et mouvements.


• Date : Du 10 septembre au 30 octobre 2022
• Lieu : La Filature
20 All. Nathan Katz
68090 Mulhouse
https://www.lafilature.org/