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Découvrez les lauréats de la Carte Blanche Etudiants 2023

Pour sa 7ème édition, Carte Blanche Étudiants apporte un soutien à 5 étudiants d’écoles de photographie et d’arts visuels européennes. Cette année les questions d’identité et de racine est au cœur des créations photographiques, découvrez les cinq lauréats : Aurélie Nydegger, Kairo Urovi, Florian Gatzweiler & Sascha Levin et Raisan Hameed.

Ce programme, organisé conjointement par Paris Photo, Picto Foundation et SNCF Gares & Connexions offre aux lauréats l’opportunité d’exposer leurs travaux sur le parvis de Paris Gare de Lyon dès le mois d’octobre et de présenter leurs portfolios à l’occasion de Paris Photo au Grand Palais Éphémère du 9 au 12 novembre 2023.
Les 20 dossiers finalistes étaient : Ada Di Palma, Antonia Valentina & Sanchez Armendariz, Aurélie Nydegger, Bimal Fabbri, David Matecsa, Deacon Lui, Florian Gatzweiler & Sascha Levin, Francisco Gonzalez Camacho, Kairo Urovi, Kia Sciarrone, Mohamed Hassan, Muhassad Al-Ani, Nikos Papangelis, Raisan Hameed, Sara Kontar, Sarah Grethe, Tim Rod, Toma Gerzha, Varvara Uhlik et Yehor Simakov.

Aurélie Nydegger (HEAD – Haute école d’art et de design – Suisse)

Confinée chez soi © Aurélie Nydegger

Marcel(le)
« Ma grand-mère paternelle, Micheline, baptisée Marcelle à la naissance, est née sous les bombardements à Paris en 1944. Elle passera la première année de sa vie dans une institution avant que sa mère ne parte se réfugier en Suisse avec elle.

Au cours d’un dîner, ma grand-mère me confie que pendant des années, elle a cherché à connaître l’identité de son père, en vain. Son intention était de trouver une photo de lui, de projeter un visage sur le sien. Les seules informations dont elle disposait étaient un nom et un prénom : Marcel Bousselaire. Sa mère n’a jamais voulu lui en dire plus. J’ai alors mené mon enquête. D’abord sur le Net, puis auprès d’institutions parisiennes. De fil en aiguille, l’histoire de cet énigmatique Bousselaire se matérialise :
“ Madame, par votre demande dans la salle d’inventaire virtuelle enregistrée le 20 janvier 2020, vous avez informé les Archives nationales de vos recherches sur votre arrière-grand-père : Marcel Armand Bousselaire, né le 13 octobre 1901 à Couture-Boussey, exécuté à Montrouge en 1947 pour avoir été dans la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Marcel Bousselaire faisait partie des auxiliaires français de la Gestapo allemande de la rue des Saussaies à Paris. Il a été condamné à mort, à la dégradation nationale et à la confiscation de ses biens par une décision de la Cour de justice de la Seine le 6 mars 1947. Son appel a été rejeté le 28 mars 1947 ; il a été exécuté le 14 août 1947. Le dossier d’instruction le concernant ainsi que 14 co-accusés est conservé aux Archives nationales sous les numéros Z/6/347 et 348, dossier n°. 3699.”

Marcel(le) se caractérise par l’absence de la figure du père ; par une idée d’attente, d’enfermement, d’image manquante. Exposer ce travail à Paris, serait une belle oportunité pour réactiver ce passé familial à sa juste place ; exhumer une mémoire tant individuelle que nationale. »

Photographe documentaire et plasticienne originaire de Suisse, Aurélie Giovannoni, de son nom d’artiste Aurélie Nydegger, est diplômée du CEPV de Vevey en communication visuelle, spécialisation en Photographie. Elle étudie actuellement en Arts Visuels à l’HEAD de Genève où elle explore le champ de la fiction.
En 2021, elle clôt son cursus en école supérieure avec le projet Champ du Repos, qui relate les mémoires de sa famille durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle poursuit ses recherches avec le projet Marcel(le) caractérisé par des schémas familiaux récurrents et par l’absence de la figure du père.

Kairo Urovi (Université des Arts de Londres – Royaume Uni)

© Kairo Urovi 

Light are the wounds heavy is the wind
« Light Are the Wounds Heavy Is the Wind est une œuvre qui explore mon voyage de retour dans mon pays d’origine, l’Albanie, et les défis auxquels j’ai été confrontée en tant que personne homosexuelle et transgenre dans ce pays.

En décembre dernier, je me suis rendu dans la ville natale de ma famille, Shkoder. Ici, je me suis débattu avec la dichotomie de la langue. La langue est un moyen de se faire connaître, de distinguer le noir du blanc, de former une identité qui détermine qui vous êtes et comment les autres vous reconnaissent. Au Royaume-Uni, je m’appelle Kairo et mes pronoms sont he/they. En Albanie, j’ai la langue bien pendue : la langue devient un champ de mines que je traverse avec précaution, tous les sens en éveil, sans droit à l’erreur. La peur m’envahit et je me replie sur une langue que j’ai oubliée depuis longtemps. Pendant un mois, je n’entends pas mon nom prononcé à voix haute.

La réalité partagée entre les gens qui me perçoivent comme l'”ancienne” moi et l’identité que j’ai lutté si durement pour incarner et maintenir se reflète dans ce corpus d’œuvres. Je me complais dans ma propre souffrance et je n’ai d’autre choix que de retrouver ma voix par le biais d’un autre médium : la création d’images. Ici, je suis en sécurité. Ici, je parle de la douleur tout en rassemblant le courage de me retrouver. Grâce à ce travail, je comprends que l’appartenance devient un fil que je porte en moi plutôt que les espaces physiques que j’habite.

Light Are the Wounds Heavy Is the Wind est le résultat de ce voyage. Dans ses profondeurs, les émotions complexes de déplacement, de solitude et d’isolement, qui découlent du fait d’être perçue comme une fille, une nièce et une petite-fille, occupent le devant de la scène. Dans ce contexte, l’obturateur de l’appareil photo transcende son rôle de simple instrument et devient une source d’autonomisation, tout en capturant la nostalgie douce-amère et le désir ardent de ma propre visibilité. Cet ensemble d’œuvres est ma façon de dire que je suis là. Non pas en dépit du chagrin, du silence, de l’absence de mots et des noms morts, mais grâce à eux. C’est mon histoire sur le deuil autant que sur la recherche de l’amour dans ce deuil. Pour tout ce que je n’ai pas pu dire avec des mots, j’ai trouvé un moyen de le dire avec des photographies. »

Kairo Urovi, artiste résidant à Londres, explore les concepts d’identité, d’appartenance et de diaspora familiale dans ses œuvres. Titulaire d’une licence en photographie du London College of Communication, l’approche artistique de Kairo est basée sur la communauté. Ses œuvres ont été exposées dans diverses galeries d’art de Londres, notamment Autograph ABP, RichMix et Free Range. Transgenre lui-même, Kairo s’intéresse à la création de nouvelles archives queer et à la culture d’un réseau de soutien d’artistes visuels qui remettent en question les récits souvent préjudiciables propagés par les médias.

Florian Gatzweiler & Sascha Levin (École de photographie Ostkreuz – Allemagne)

© Florian Gatzweiler & Sascha Levin

Zwirki

« Dans notre série de photos, nous avons accompagné des jeunes Ukrainiens qui vivent actuellement dans la petite ville polonaise de Slubice en raison de la guerre. Tous les jours, vers midi, le terrain de basket quelque peu délabré situé près du centre-ville se remplit des mêmes visages. Quelqu’un sort une boîte Bluetooth de sa poche, on fume des cigarettes et on boit des sodas bon marché. Alors qu’en arrière-plan se déroulent toujours les mêmes matchs de basket, on remarque qu’en dépit de l’atmosphère détendue, les inquiétudes et les peurs des jeunes sont constantes. Le désir d’échapper à ces pensées est grand et les amitiés entre eux sont l’une des rares distractions. Pris dans cet état de flottement, ils essaient de se soutenir mutuellement et d’oublier pendant un bref instant. Car en fin de compte, ils ont tous un point commun : une guerre se déroule dans leur pays. »

Florian Gatzweiler (né en 1998) a toujours nourri un profond intérêt pour les arts, notamment dans l’observation des choses. Initialement attiré par le théâtre, Florian a finalement découvert sa passion pour la photographie, ce qui l’a incité à entreprendre des études dans ce domaine en 2020.
Sascha Levin (né en 2000) a naturellement développé un intérêt pour la photographie, inspiré par la profession de son père caméraman. Tout en travaillant en tant qu’assistant social, Sascha a aussi réalisé le pouvoir de la photographie en tant qu’outil permettant de donner une voix aux enjeux importants. Il a donc entrepris des études en photographie et, depuis 2021, également en travail social.

Raisan Hameed (Académie des Beaux-Arts de Leipzig – Allemagne)

© Raisan Hameed

Zer-Störung

Zer-Störung raconte l’histoire de différentes périodes à Mossoul, la ville natale de l’artiste. Le point de départ du projet a été le matériel photographique provenant des archives familiales de Hameed ainsi que ses propres photographies prises à Mossoul. Porteuses de souvenirs, ces images comportent des couches visibles et invisibles, une observation déjà exprimée dans le titre. Jeu de mots, la traduction anglaise de “Zerstörung” est “destruction”, décrivant les dommages brutaux que l’homme inflige au monde, à son environnement et à d’autres personnes. “Störung”, quant à lui, se traduit par “irritation”, un terme que Hameed associe à l’impermanence des choses. L’artiste utilise l’abstraction comme stratégie pour briser la fonction originale des images, en changeant la façon dont elles sont lues.

En se concentrant sur la matérialité des images dans Zer-Störung, les observations et leurs contextes politiques sont transformés. Elles deviennent une documentation métaphorique du passé, du présent et du futur. Le processus permet d’ouvrir des portes, de négocier, de réfléchir et d’échanger.

Raisan Hameed est un artiste visuel né en 1991 en Irak, il vit aujourd’hui à Leipzig. Il a obtenu un diplôme des beaux-arts en 2022 et poursuit actuellement une maîtrise à l’Académie des beaux-arts. Dans ses œuvres, Hameed traite des différentes dimensions de la vérité. Alors qu’il se concentre sur la visibilité de l’intérieur, il s’identifie simultanément au résultat. Il est souvent le sujet de ses images, traitant ses expériences de manière métaphorique par le biais du jeu et de l’expérimentation.
Les œuvres de Hameed ont fait l’objet de plusieurs expositions à Rotterdam, Berlin, Dresde, Bonn, Leipzig, Rome, Palerme et Sharjah.


• Date : Du 9 au 12 novembre 2023
• Lieu : Paris Photo
Grand Palais Ephémère
75007 Paris
https://www.parisphoto.com/