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Les terres sacrées de Julien Lombardi au Centre du Patrimoine Arménien

Tanque de Dolorès ©Julien Lombardi

Après avoir été présentée aux Rencontres d’Arles en 2022, l’exposition de Julien Lombardi “La terre où est né le soleil” se réinvente pour le Centre du Patrimoine Arménien de Valence. Dans ce travail mêlant photographies, vidéos et installations, Julien Lombardi nous immerge dans une terre sacrée pour la communauté Wixarika, au centre du Mexique, lieu menacé par le capitalisme extractiviste. À voir jusqu’au 1er septembre prochain.


Type de fabrication : Impressions sur papier peint, sur plexi, sur dibond, tirage et contrecollage.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Voyage dans un territoire sacré du Mexique

Depuis des siècles, les Wixarika – Huicholes en espagnol –, viennent en pèlerinage à Wirikuta depuis la côte pacifique pour célébrer, chaque année, la naissance du cosmos à travers Tatewari, le grand-père feu et Kauyumari, le cerf bleu. Faune et flore sont dans ce désert des divinités qu’ils honorent, notamment le peyotl, un cactus hallucinogène aux vertus médicinales menacé d’extinction. L’existence de leur civilisation dépend de la préservation de cette terre et de son biotope unique. Les rancheros sont, quant à eux, les paysans qui y vivent, population métisse, exploitant terrains agricoles et quelques mines artisanales.
C’est sans exotisme, ni catastrophisme, que Julien Lombardi documente cette terre sacrée, lieu de cérémonies chamaniques, aujourd’hui menacée par les industries minières, agricoles et touristiques qui en appauvrissent les ressources naturelles. Il interroge la mémoire de ce lieu en s’inspirant de ses habitants et de la lutte des Wixarika qui résistent à la globalisation.
Ses images, empreintes de poésie et de surnaturel, nous confrontent à la fragilité d’un monde exposé à sa possible disparition. Autant de thématiques qui résonnent avec la démarche du Cpa.

Une mise en espace minimaliste, des installations originales

Après les Rencontres d’Arles en 2022, Le Cpa a invité Julien Lombardi à penser une nouvelle façon de présenter ses oeuvres. La mise en espace, volontairement minimaliste, épurée et contemporaine, joue avec des variations de rythme. Murs blancs et ambiance noire, petits et grands formats d’images, espaces ouverts et intimistes… La scénographie nous invite à découvrir autrement les espaces du Cpa.
Julien Lombardi propose une installation en forme de récit polyphonique mêlant ses propres images avec d’autres sources de documentation, interdisant ainsi toute vision simpliste ou manichéenne. Loin du ciel bleu, des cactus et de l’image stéréotypée du Mexique, l’exposition propose majoritairement des photos en noir et blanc afin d’amener le visiteur à porter un autre regard sur notre époque et son actualité.
Parmi les installations originales rythmant les espaces : une projection de 80 diapositives énigmatiques qui nous fait traverser le paysage, des images transparentes et en volume, des photographies posées par-terre qui ramènent les sols du désert à nos pieds… Sans oublier, un cabinet de curiosité avec une collection d’images manipulables pour une expérience interactive et magique. Ces procédés ingénieux rendent le visiteur acteur de sa visite pour qu’il se fasse sa propre perception.

L’univers artistique de Julien Lombardi

Artiste visuel, anthropologue de formation, Julien Lombardi mène une réflexion sur l’image et les moyens de représenter le monde qu’offre l’outil photographique. Jouant avec différentes matières, ses images sont en volumes ou projetées ; de véritables installations immersives pour nous faire vivre une expérience. Il détourne les codes visuels de l’ethnologie ou des sciences pour en éprouver les limites. Extraction, prélèvement, échantillonnage, découpe sont autant de gestes-miroirs de l’acte photographique et d’une relation au vivant, ici en question.
Julien Lombardi utilise, par exemple, un scanner portable pour numériser instantanément des objets trouvés sur le sol de la terre sacrée, tout en les laissant sur site. Il a ainsi collecté une centaine de spécimens, qui renseignent sur l’état de préservation de Wirikuta et son insertion dans le monde global. Parmi les autres techniques d’imagerie scientifique utilisées, il a notamment recours à l’impression microscopique, à l’imagerie satellitaire, ou encore, à des pièges photographiques que sont ses caméras infrarouges à déclenchement automatique. Ces outils permettent de capturer autrement la réalité et d’expérimenter de nouvelles formes narratives afin de faire apparaître des phénomènes invisibles.

Du réalisme fantastique au réalisme magique

Le réalisme fantastique, qui inspire Julien Lombardi, est un mouvement de contre-culture apparu dans les années 1960, caractérisé par l’envie de réenchanter le monde en mariant notamment science et ésotérisme. Ce genre hybride, entre science-fiction et fantastique, cherche à rendre visible des phénomènes inexpliqués ou surnaturels, à l’encontre des préjugés et du conformisme. On retrouve également, dans le travail de Julien Lombardi, les ingrédients du réalisme magique qui intègre des éléments fantastiques, merveilleux, dans une oeuvre traitée de manière réaliste. Le réalisme magique remonte aux années 1920 en Allemagne. Sa terre de prédilection : l’Amérique latine. Il permet de traduire une perception du réel caractérisée par l’extraordinaire, que l’on retrouve dans les cultures issues d’un métissage culturel indigène.

• Date : Du 31 janvier au 1er septembre 2024
• Lieu : Le Centre du Patrimoine Arménien
14 rue Louis Gallet
26000 Valence
https://www.le-cpa.com/