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Les lauréats 2019 de la Bourse du Talent à la Maison Photo

Après avoir été présentée à la Bibliothèque nationale de France, l’exposition des lauréats 2019 de la Bourse du Talent revient à la Maison de la Photographie à Lille du 25 septembre au 25 octobre 2021, suite à une programmation perturbée par la crise sanitaire. La Bourse du Talent, organisée par Photographie.com et Picto Foundation, récompense chaque année quatre jeunes photographes autour de quatre thématiques spécifiques présentés au sein d’une grande exposition annuelle avec les séries des lauréats et de coups de cœur.


Type de fabrication : tirages d’exposition, papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


La Bourse du Talent est devenue au fil des ans un rendez-vous incontournable consacré à la reconnaissance des talents émergents. La Bourse du Talent s’organise en quatre sessions thématiques : Reportage, Portrait, Mode & Transversalité, Paysage. L’exposition annuelle des travaux des jeunes photographes distingués par le jury permet, chaque année, de découvrir les nouveaux talents ainsi que les nouvelles lignes de force de la photographie contemporaine.

Pour l’édition 2019, on retrouve 12 lauréats et finalistes :

Nathalie Lescuyer | NEED
Bourse du Talent #77 – Reportage – Prix du Jury

© Nathalie Lescuyer

Pendant plusieurs mois, la photographe a voyagé dans la nuit des migrants. Poussée par une nécessité intérieure dont atteste le titre de sa série Need, Nathalie Lescuyer propose un témoignage qui parle des errements de notre monde autant que de l’errance de l’autre. Cette altérité est mise en dialogue avec les ressentis de la photographe dans une suite ouverte d’images intimes, incantatoires, fulgurantes dans leur violence poétique. Il s’agit ici de rendre tangible la tension entre le bruit du monde et la parole exclue des migrants et de rétablir l’échange entre plusieurs intériorités bouleversées.

© Nicola Bertasi

Nicola Bertasi | Des visages et des peines
Bourse du Talent #77 – Reportage – Coup de Cœur

Nicola Bertasi se saisit de la Guerre du Vietnam qui représente cette dernière guerre moderne visible, archétype qui s’est interposé aux flots d’images en arrêtant le temps collectif. Il soulève dans cette série le basculement de notre rapport à l’image, qui ne participe plus de la mémoire et du récit que nous avons laissé aux musées. Mêlant un travail de photographie et d’archiviste, Nicola Bertasi rassemble les clichés de cette guerre, des témoignages et des documents. Se conjuguent alors une mosaïque d’informations visuelles orchestrée graphiquement pour reconduire le récit et refaire mémoire. Son travail photographique est conduit pour faire résistance puisqu’il fige et documente afin de travailler le souvenir.

© Sébastien Leban

Sébastien Leban | Tangier, l’île perdue
Bourse du Talent #77 – Reportage – Coup de Cœur

Depuis 2018, Sébastien Leban documente l’impact du changement climatique sur les populations du monde entier : en Hollande, au Sénégal et au États-Unis sur les cotes de Virginie où, chaque année, l’océan Atlantique engloutit plus de quatre mètres de terre. Tangier est une métaphore de l’absurde. Ses habitants, climatosceptiques convaincus, voient leurs terres s’enfoncer dans l’océan mais refusent la réalité qui s’écrit sous leurs yeux. En un peu plus d’un siècle, l’île a perdu les deux tiers de ses terres, englouties par l’océan Atlantique. Plantée au milieu de la baie de Chesapeake, à 160 km de Washington DC, Tangier culmine à 94 petits centimètres au-dessus du niveau de la mer. Ce projet a pour vocation d’ériger Tangier en symbole. Celui de l’abandon des populations qui cumulent la double tare d’être les plus fragiles et les plus exposées. Celui de l’aveuglement politique face à la plus grande menace contemporaine pour l’humanité. Si Washington ne tient pas ses promesses de construction d’une digue, Tangier pourrait disparaître dans les eaux d’ici 25 ans. Ses habitants compteront alors parmi les premiers réfugiés climatique des Etats-Unis.

© Nadège Mazars

Nadège Mazars | Dieu est notre dernière cartouche
Bourse du Talent #77 – Reportage – Coup de Cœur

Entre la pesanteur et le ciel, Nadège Mazars photographe française basée à Bogotá depuis 2007, témoigne des convulsions sociales de San Salvador. Dieu est notre dernière cartouche témoigne de la violence endémique des Gangs de San Salvador et de la frénétique expansion de la foi évangéliste pour sauver les âmes. Dans le contraste d’un noir et blanc brutal, Nadège Mazars raconte les mutations d’une société qui voudrait se guérir. Comme une chronique noire, cette série témoigne du quotidien de rédemption et de violences dans l’Amérique latine. On suit la conversion religieuse de repentis et leurs nombreuses séances au laser nécessaires pour effacer les tatouages symboles de l’appartenance aux gangs. D’une histoire sombre, Nadège met en lumière la volonté de changement des anciens membres et le besoin d’une action politique de transformation sociale au Salvador qui pourrait aider à arrêter une guerre sans nom.

© Tian Jin

Tian Jin | Les herbes folles
Bourse du Talent #78 – Portrait – Prix du Jury

Je viens d’une petite ville au sud de la Chine dans le courant des années 80, période durant laquelle la politique de l’enfant unique fut la plus stricte. Il était courant d’entendre résonner les hurlements des nouveaux-nés abandonnés aux entrées des gares et des hôpitaux. Un après-midi, lorsque j’étais enfant, mon père m’emmena à l’hôpital à cause d’une forte fièvre. Les couloirs empestaient le désinfectant. Non loin de moi, j’aperçus posé sur une chaise un nourrisson mort enveloppé d’un tissu en lambeaux. Les yeux clos, la bouche entrouverte, des mouches voletaient au dessus de son visage sombre et violacé, tourné vers le ciel. Son expression fantomatique a longtemps hanté mes nuits. Lors de mon voyage reliant Chongqing au Yunnan au cours de l’été 2013, j’ai rencontré beaucoup d’enfants laissés à l’arrière. Ceux-ci m’emmenaient explorer les endroits sauvages et les zones désaffectées. La vitalité de ces enfants chétifs mais tenaces, à l’image des herbes folles, m’avait beaucoup touché. Pourtant, leur existence semblait être insignifiante aux yeux du monde et j’eus, au fond de moi, le sentiment que leur destin était déjà tracé.

© Christophe Meireis

Christophe Meireis | Des visages et des peines
Bourse du Talent #78 – Portrait – Coup de Cœur

Depuis plusieurs années, Christophe Meireis va à la rencontre de détenus condamnés à mort dans les nombreux pays où la peine de mort est un outil de répression politique, de discrimination lié au genre ou à la religion. Selon l’ONG Ensemble contre la peine de mort, plus de 20 000 condamnés à mort attendraient leurs exécutions dans des conditions de détention souvent bien en deçà des normes internationales. Des visages et des peines rassemble Antoinette, N’Dume, Joaquin, Lin-Xun tous unis par une sentence commune : la mort. Ils nous apostrophent dans une galerie de portraits aux regards doux et d’histoires poignantes. L’utilisation de la chambre 4×5 inches impose une lenteur et une rigueur particulière. Cette latence du temps de pose rejoue le temps du procès, comme une possibilité de pouvoir clamer son innocence dans ce temps donné. De ces portraits tenaces et impassibles leur identité retrouvée s’échappe du fond noir car la photographie peut faire lumière là où la justice est absente.

© Alessandra Carosi

Alessandra Carosi | Lire l’air 空気を読 む
Bourse du Talent #78 – Portrait – Coup de Cœur

Comment pour un occidental traduire sans se perdre et exprimer le moi japonais ? Comment décrire les fleurs d’une composition ikebana? Quels sont les mots pour raconter l’échange entre Japonais ? Au-delà de l’anthropologie, Alessandra Carosi, européenne et italienne, nous parle d’un Japon des plus intime. Celui que l’on ne dit pas. Celui qui ne se dévoile jamais. Car même une fleur ne vous dira ce qu’elle vous présente, 言わぬが花. Le décryptage du geste asiatique extrême que l’on trouve au Japon, c’est en photographie qu’Alessandra l’exprime. Et là, sans mots, sans discours superflus, ses images déroulent les vrais rapports humains, ceux que l’on n’exprime pas, car la pensée du regard voit ailleurs. La photographie, perçoit au-delà des mots. Elle est alors cette façon si japonaise de lire l’air 空気を読 む. La photographie avec Alessandra Carosi, c’est l’esprit 気 du Japon que cet art de l’instant capture si bien.

© Cheng Huanfa

Cheng Huanfa | Les jours avec Zhiyu
Bourse du Talent #79 – Mode – Prix du Jury

Photographiée durant plusieurs années et pendant sa grossesse, Zhiyu l’épouse de Cheng Huanfa, est le personnage central de deux séries, l’une est documentaire, la seconde un jeu onirique. C’est un inventaire du corps désiré, déguisé ou charnel. Zhiyu mange, pleure, s’amuse, enfante et se marie de tout son corps donné en festin amoureux. Ils poursuivent ce jeu jusqu’au choix des images de cette fresque intime qu’ils réalisent ensemble. Le récit photographique brouille les pistes en une mise en tension du témoignage et de sa monstration, du portrait traditionnel et des libertés contemporaines. Le couple Cheng Huanfa et sa femme revendiquent leur liberté de jouer sans censure avec leurs images. Le photographe de mode diplômé des beaux-arts jongle de l’histoire de l’art et des contraintes sociales et morales.

© Flaminia Reposi

Flaminia Reposi | L’amour uni(que)
Bourse du Talent #79 – Mode – Coup de Cœur

Inspirée du surréalisme, du pop art et de l’onirisme, Flaminia Reposi réalise des images colorées absurdes et décalées, où les sujets reflètent ses rêveries et images intérieures. Avec la série L’Amour Uni(que), la photographe répond aux slogans idéologiques de certains dirigeants politiques italiens, en portant tous les couples au coeur de son travail photographique. Au travers de sa construction esthétique elle réaffirme les valeurs simples et communes de l’amour, loin des discours qui le réduisent à une simple question de sexualité. Flaminia Reposi s’invite chez des couples pour témoigner de leur union. Une union renforcée visuellement par leurs poses, et des vêtements en harmonie avec leur intérieur. Dans la mise en scène, les duos jouent ici leur propre rôle en gravitant l’un autour de l’autre. C’est par un jeu de positions et de regards que la photographe reflète la question du couple dans la société. L’amour peut avoir plusieurs visages, sexes, couleurs, âges, mais il reste le même amour unique et universel.

© Matei Focseneanu

Matei Focseneanu | Ici c’est l’aquarium, dehors c’est l’océan
Bourse du Talent #79 – Mode – Coup de Cœur

Avec la série Ici c’est l’aquarium, dehors c’est l’océan, Matei Focseneanu a voulu donner une parole à celles qui se trouvent aux marges invisibles de la société, les détenues. Évitant une approche stigmatisante, il invite dans ses images les femmes incarcérées à la prison de la Tuilière à Lonay en Suisse à s’exprimer par le biais d’un langage visuel corporel et onirique aux antipodes de la discrétion pénitentiaire : la photographie de mode. Comme un prolongement de leur personnalité, chaque modèle s’en empare en un porte-voix symbolique d’une liberté perdue. Dans une chorégraphie de mouvements et de couleurs, Matei veut sublimer les conditions de vies des détenues dont on ne verra ici jamais le visage. Sur un fond blanc qui rappelle autant le studio photographique que l’identité gommée par l’univers carcéral, les modèles s’expriment sans entraves.

© Charles Xelot

Charles Xelot | Ligne de rupture
Bourse du Talent #80 – Paysage – Prix du Jury

La Ligne de rupture de Charles Xelot explore les changements sociaux et environnementaux de la péninsule de Yamal dans l’Arctique russe. Le paysage de toundra autrefois parcouru par des troupeaux de rennes et leurs éleveurs, les Nenets, est maintenant rempli de pipelines et de torchères. Les pétroliers et les brise-glaces naviguent le long de la côte, illuminant la nuit et expédiant le gaz extrait dans le monde entier. L’industrie de l’Anthropocène prolonge une histoire contemporaine : enjeu géo-politique et économique, défi technique et humain. Pour les Nenets, l’histoire remonte aux origines de l’humanité : appropriation de terres en échange de biens et de services.

© Tang Nanjing

Tang Nanjing | Entre le béton
Bourse du Talent #80 – Paysage – Prix spécial de la SAIF

La série Entre le béton de Tang Nanjing a été réalisée dans Val-de-Marne, où Tang Nanjing en venant de Chine est fascinée par les formes architecturales et l’atmosphère spatiale qu’elle y a découvert. Elle arpente les paysages de logements sociaux en béton construits durant les années 70. Érigés comme un modèle social d’urbanisme et de progressisme de l’après guerre, Tang Nanjing soulève ici l’anachronisme de ces structures monumentales de béton obsolètes dans une société contemporaine soumise au chômage de masse. Elles offrent au photographe un immense terrain de jeu par leurs vocabulaires photographiques d’échelles, de motifs et d’espaces. Tang Nanjing inventorie des parcelles de ces bâtiments bruts, les rendants surréalistes et dystopiques. À travers la nostalgie ressentie dans le goût du béton et l’arôme de la pizza au four d’Ivry, elle retrouve en France la beauté de ses souvenirs de Chine.


• Date : Du 25 septembre au 25 octobre 2021
• Lieu : La Maison de la Photographie
18, rue Frémy
59800 Lille
En savoir plus :
http://www.maisonphoto.com