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Finaliste Prix Picto de la Mode 2022 : Solène Richard

Solène Richard est une photographe de vingt-sept ans, basée en banlieue parisienne. Après l’obtention d’un master en sociologie du langage, elle travaille quelques années comme intervenante psycho-éducative auprès d’enfants atteints d’autisme. Durant toute la durée de ses études elle développe son goût et sa pratique des arts visuels. Elle suit notamment un cours de cinéma à l’EHESS et réalise un court métrage sur la communication non verbale dans l’improvisation musicale et théâtrale. Ainsi, pour elle, la photographie, le cinéma et le dessin sont autant de moyens de rendre visible l’invisible et de dire l’indicible. Elle s’inspire principalement du mouvement surréaliste et travaille toujours avec une volonté de déstabiliser l’Autre en mélangeant les codes et les univers : en mode ou en photographie de rue, sa pratique est ainsi souvent à cheval entre le réel et la mise en scène, et ses thèmes de travail privilégiés sont l’absurde et la remise en question de la perception.

Seconde Peau

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Ce projet naît du désir, récurrent dans l’Histoire des Hommes et de la photographie, d’accéder à d’autres temps et d’autres lieux que les nôtres, de vivre « dans la peau » d’autres hommes et femmes.

Ces images sont produites à partir de portraits anciens chinés en brocantes et marchés. Ils ont été scannés et projetés sur un mur blanc, à taille humaine. La modèle, nue, devait ainsi littéralement « rentrer dans le personnage » en adoptant la posture exacte que prend la personne dont le portrait est projeté. L’image ancienne devient alors projetée sur le corps nu de la modèle physiquement présente. Sur certains clichés, j’ai posé un linge blanc sur le visage du modèle pour laisser le portrait ancien prendre le dessus, tandis que les deux visages cohabitent sur d’autres images.

Cette série représente ainsi pour moi la concrétisation d’une « projection » de soi non pas hors du temps, ni hors de soi, mais de vivre un temps dans un autre temps, et soi-même en un Autre que soi. Deux inconnus l’un pour l’autre deviennent alors une sorte d’entité ternaire : la personne photographiée dans le temps présent, la personne d’un passé projeté, et la matière qui fixe leur union.

Lumière Grise

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J’ai travaillé sur ce projet comme une exploration des frontières de la matière et de la façon dont la lumière se pose sur elle, la révélant ou l’effaçant. J’ai nommé « lumière grise » cette interstice qui nous questionne sur cette frontière : où commence la matière ?
Ces images ont été réalisées en studio, avec un temps de pose long, durant lequel le modèle sort du champ une fois l’éclair déclenché, afin que son image ne soit
pas totalement imprimée sur le fond. C’est à ce moment que, grâce aux variations du hasard, la matière s’efface plus ou moins, selon ses caractéristiques physiques et visuelles et selon la manière dont le modèle « s’enfuit » du champ.
En outre, la mise en corrélation d’un stylisme à la fois moderne et étrange, d’une beauté brute et non retouchée, et de l’esthétique spirite du XIXe siècle sont pour moi l’occasion de déranger à la fois les codes de la photographie ancienne et ceux de la photographie de mode contemporaine.