Still Life

Mon travail, oscillant entre collage et photographie illustre la dichotomie constante de ma vision du monde. Orchestrant une discussion entre l’Arménie et la France, j’alimente un cadavre exquis racontant mon histoire et répondant à mes influences visuelles. Incluant des éléments de mon enfance, ainsi que ceux de ma vie actuelle je tisse une tapisserie visuelle racontant mon histoire dans lesquelles l’orient et l’occident discutent depuis toujours. Mes photographies voyagent dans le temps et dans de nouveaux décors racontant l’exode de ma famille et les façons dont son histoire s’est réinventée. Chaque couche du collage raconte une période de ma vie, une personne rencontrée, ou une langue parlée. Les histoires racontées dans mon enfance deviennent floues et prennent forme dans ces images parfois sous forme d’illustrations réelles de moments vécus, parfois en version fantasmé, déformées d’une époque révolue que je tente de figer sur le papier. Des souvenirs de l’odeur de l’encens ou la couleur des tapisseries dans ma chambre d’enfant, je dessine ces instants comme des contes folkloriques où l’unique vérité est la mienne et où l’imagination prend le dessus sur l’histoire.

Plus que jamais dans un contexte global de troubles identitaires et de flou géopolitique il est primordial de célébrer nos différentes origines et les fondements de notre identité à l’échelle personnelle ou collective.

Les deux séries présentées représentent deux facettes de mon travail: ma pratique de collagiste, souvent utilisée pour des commandes, et celle de photographe, utilisée dans mes séries plus personnelles.
Mettant en avant dans les deux cas une forte identité visuelle caucasienne je m’attache à travailler autour du symbole et de la suggestion.

Dans ma série ‘Still Life’ composée sous forme de cadres je mets en exergue l’information centrale -soit un produit, soit une personne- mis en quelques sortes à la place centrale d’icône entourée d’un autel presque religieux. Ces différentes couches d’information, dans une tonalité kitsch permettent différentes lectures de l’image et différentes interprétations.

La série ‘L’Abcédaire de l’Arménité’ est un projet personnel de représentation de mon entourage et mes origines. Volontairement éloigné des représentations habituelles de ma communauté je dessine un visage moins vu de l’Arménie mettant en avant mon expérience individuelle et m’émancipant de sa représentation collective.

Mettant une grande importance dans le language corporel, je travaille en priorité les postures et regards. Ici comme souvent dans mon travail, les postures sont à la fois fières et lasses et les yeux sont majoritairement clos, illustrant une communauté trop souvent aveuglée par le passé et qui peine à regarder vers le futur.