Je suis une artiste photographe française, installée à Paris et diplômée de l’école de l’image, les Gobelins. Ce que l’on observe dans mon travail, c’est la proximité entre la peinture et la matière que je retranscris à travers la photographie de mode et de portrait.

J’interroge les liens entre le monde intérieur de l’individu et la manière de le représenter. J’établis un dialogue intime avec mes modèles afin que leur humanité apparaisse singulièrement. La photographie a toujours été pour moi autant un moyen de représenter un monde, qu’une tentative de compréhension d’autrui.

La Mue

La série « La Mue » met en scène un personnage féminin qui, humaine au départ, va subir une transformation. Le symbolisme de cette série met en avant une évolution intérieure de la personne.
Il est question d’un seul et même personnage qui se modifie au fil des images, par des artifices de tenues, maquillages et coiffures. Alors que dans la mode le vêtement est primordial, dans cette série les habits deviennent une enveloppe du corps de la femme, qu’elle laisse derrière elle et l’amènent à devenir « autre ».
La silhouette du corps masculin est envisagée ici comme une ombre furtive. Elle représente la figure du guide et de l’inconscient. Il est noir sur noir, il s’efface. Il fait partie de l’écosystème de la femme. Il apparait progressivement pour amener la femme vers un ailleurs.
Les deux personnages deviennent lumineux, ils forment un tout, un équilibre, comme si la femme avait avalé son ombre pour être plus elle-même.
Les arrières plans absorbent les personnages dans des fonds habités de masse noire, vertigineux; plongés dans un univers astral, intemporel, flou, en apesanteur. L’absence de couleur évoque le passage du temps, des formes, du changement, d’un monde intérieur au-delà de la chair. En me questionnant sur l’identité de la femme, j’ai souhaité la rapprocher d’une figure transcendantale, elle va de l’inconscience à la recherche de soi. Dans notre société actuelle la femme est souvent fantasmée, réifiée et sexualisée. Elle est fréquemment traitée par le biais du corps, à l’inverse, cette série tente de questionner des puissances troubles, immuables, flottantes, que l’on ne peut saisir, qui permettent la libération du soi.

Forme Form

Je souhaite rendre à l’Humain son état de forme. Son état de chair.
Un humain est une panoplie d’émotions, de caractères et de contradictions. Il n’est pas figé.

Par ces silhouettes déformées par de gigantesques costumes je voulais revenir à des formes abstraites et colorées de l’être humain. Arriver à en voir ses couleurs, ses matières et passer à travers leurs énergies pour revenir à des formes que j’appelle « brutes » de l’être humain.

J’essaye d’en discerner les couleurs et les matières pour leur prêter une identité nouvelle, plus originale et plus personnelle.