Click "Enter" to submit the form.

Interstices : un Japon intime révélé par Khanh

© Khanh

Dans le cadre de la programmation du festival Off des Rencontres d’Arles, la photographe franco-américaine d’origine vietnamienne Khanh présente Interstices au Musée des Arts Asiatiques de Toulon. L’exposition réunit une sélection de tirages argentiques noir et blanc, réalisés par Thomas Consani, tireur au laboratoire PICTO, à partir de photographies prises au Japon lors d’un voyage effectué il y a dix ans.


Type de fabrication : Tirages traditionnels noir et blanc à l’agrandisseur réalisés par Thomas Consani sur papier Baryté Ilford Warmtone.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


La série Interstices s’appuie sur la notion japonaise du ma (間) qui désigne l’intervalle, la durée, la distance, non pas comme une séparation mais comme ce qui relie et crée du lien entre les choses, les êtres, les époques et les lieux. Dès lors, la vérité photographique ne réside pas uniquement dans ce que représente l’image, mais dans ce qu’elle dégage, ce qu’elle évoque et fait ressentir à chacun selon son histoire et sa sensibilité. Elle existe dans les interstices, ces liens invisibles qui relient les images entre elles, mais aussi, plus largement, dans les liens universels – émotionnels, spirituels, sensoriels – qui unissent les êtres humains.

Réalisées lors de mes pérégrinations entre Nagasaki, Tokyo et l’île sauvage de Yakushima en 2015, les photographies présentées révèlent un Japon intimiste, fait d’instants suspendus où le temps et l’espace se mêlent et se distendent, et où le matériel et le spirituel se confondent.
Interstices est ainsi un voyage à travers l’invisible, une invitation à transcender la réalité photographiée pour ressentir ce qui ne se voit pas, explorer l’intangible et l’émotionnel, et éprouver ces liens invisibles qui nous unissent tous.
La photographie est pour moi un geste instinctif, viscéral.
Je ne sais jamais vraiment ce qui me pousse à capturer des images, elles s’imposent à moi, sans que je les cherche ni les conscientise. C’est souvent des années plus tard, au moment de leur développement, que je les découvre et que leur sens profond émerge, comme si l’inconscient se dévoilait au fil de mon propre cheminement.

Il y a cinq ans, j’ai traversé la maladie, et ces images du Japon prises avant cette épreuve ont soudainement résonné en moi avec une intensité inattendue. Bien que dissociées dans le temps et l’espace, leur dialogue raconte des destins croisés, tissant une toile invisible mêlant l’histoire meurtrie du Japon à la mienne.

Telles une métaphore du cycle de la vie de chaque âme sur terre, ces photographies parlent de joie, de vie, d’insouciance, de déflagration, de mort, de déchéance, d’espoir, d’impulsion de vie, d’amour et de renaissance. Elles évoquent le temps suspendu, l’introspection, la transformation, l’évolution et la résilience face à l’adversité. Et plus particulièrement, elles parlent de ces brèches qui s’ouvrent dans les champs de ruines dans lesquelles on s’engouffre parfois à l’aveugle pour chercher notre salut, de ces interstices qui permettent aux lueurs de s’infiltrer dans l’obscurité et nous amènent à renaitre à nous-mêmes, et à la vie.


• Date : Du 16 mai au 30 août 2025
• Lieu : Musée des Arts Asiatiques
169 littoral Frédéric Mistral – Villa Jules Verne – Le Mourillon
83000 Toulon
https://khanh-es.squarespace.com/interstices
https://festivaloffarles.com/