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Le laboratoire Picto et les Rencontres d’Arles 2025

Le 7 juillet, le festival des Rencontres d’Arles inaugure sa 56ᵉ édition sous le signe de l’engagement avec pour titre « Images indociles ». Au programme : une trentaine d’expositions présentées au public, ainsi que de nombreux événements satellites. Comme chaque année, le laboratoire PICTO accompagne la manifestation dans la réalisation de ses expositions. Pour cette nouvelle édition, découvrez un aperçu des productions consacrées à Camille Lévêque, Agnès Geoffray et Denis Serrano – Prix Découverte 2025.

Camille Lévêque.
Glitch, 2014.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Camille Lévêque
À la recherche du Père


Type de fabrication : Tirages d’exposition, collages et impressions sur papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Véritable enquête photographique, À la recherche du Père rend compte de dix années de recherches autour de la figure paternelle.

Qu’est-ce qui fait un bon père ? Et un mauvais ?

Le père est-il toujours symbole de virilité, force et stabilité ?
Qu’en est-il des pères oppresseurs, autoritaires, abusifs ?
Quelle place a le père au sein de la société ? Son rôle a-t-il changé avec l’évolution des structures familiales ? Depuis le solennel “Au nom du père” à un combat toujours d’actualité contre le patriarcat, qui est ce personnage complexe, parfois idéalisé, souvent provoqué, en général respecté ? Quelle influence a-t-il sur notre construction identitaire ?

Dans cette investigation Camille Lévêque ne condamne ni n’honore cette figure qui l’interroge tant. Voulant ouvrir le sujet à une approche collective, et dans une démarche mêlant image et texte, elle échange avec des pères sur le sujet de la paternité, avec un prêtre catholique au sujet du paradoxe d’être fils et père tout en n’ayant pas d’enfants, ou encore avec des travailleuses du sexe sur le patriarcat et le fétiche de l’inceste.

Son travail cherche à interroger le public tout en lui proposant diverses interprétations par le biais d’images suggestives, attendries ou décalées. Ici aucun jugement n’est émis et aucune interprétation n’est imposée. Le spectateur est libre de naviguer entre albums de familles, montages, imagerie publicitaire, collections d’objets à la gloire du père, ou encore extraits vidéos de Joseph Staline, Petit Père des peuples, chutant au ralenti de son piédestal.

À la recherche du Père dessine les différents visages du père, questionnant en creux celui de son absence. Derrière cette vaste fresque iconographique au ton faussement léger, l’auteure révèle progressivement l’objet central de son intérêt pour les pères ; la complexité de la relation entretenue avec le sien.

Exposition soutenue par Picto Foundation.

• Date : Du 7 juillet au 5 octobre 2025
• Lieu : Ground Control
3 Rue Jean Gorodiche
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Agnès Geoffray.
L’étendard, 2024.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste / ADAGP, Paris.

Agnès Geoffray
Elles obliquent elles obstinent elles tempêtent


Type de fabrication : Tirages d’exposition, collages et impressions sur papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


L’exposition elles obliquent elles obstinent elles tempêtent présente un ensemble inédit d’œuvres photographiques et textuelles d’Agnès Geoffray. Elles ont été conçues dans le contexte d’une recherche menée avec Vanessa Desclaux, soutenue par la Bourse de l’Institut pour la photographie, à partir des fonds d’archives institutionnelles concernant les « écoles de préservation » de Cadillac, Doullens et Clermont de l’Oise, institutions publiques de placement pour filles mineures en France de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. Agnès Geoffray et Vanessa Desclaux ont exploré les parcours de jeunes filles qualifiées de « déviantes » ou d’« inéducables », enfermées pour plusieurs années en raison de comportements qui dérogeaient aux normes sociales et morales régissant leur genre.

À travers la mise en regard des œuvres d’Agnès Geoffray et d’une sélection de documents historiques – photographies, articles de presse, documents administratifs –, l’exposition propose de porter attention aux formes de leurs révoltes et à l’expression de leurs aspirations à l’émancipation.

Les photographies d’Agnès Geoffray mettent en scène des gestes d’opposition, de défense, de soulèvement, de fugue ou d’évasion. Elles dressent des portraits fictionnels de figures féminines qui font face ou, au contraire, résistent en prenant la fuite, pour échapper à la violence de l’enfermement. À la surface de certaines images, des extraits de textes sont projetés, permettant de faire résonner des paroles écrites, hurlées ou chantées empruntées à différentes sources ou inventées par l’artiste. L’écriture incarne dans l’exposition une fonction émancipatrice qui permet de faire valoir une subjectivité propre, se réapproprier les mots et faire entendre sa voix.

Si l’exposition fait écho à une période historique fondée sur une société et des institutions qui se sont depuis transformées, elle invite à repenser aujourd’hui, de manière poétique et politique, les existences marginalisées de ces jeunes filles dont les corps ont subi l’emprise sanitaire, morale, médicale et éducative d’une entreprise carcérale qui ne disait pas son nom.

• Date : Du 1er juillet au 21 septembre 2025
• Lieu : Commanderie Sainte Luce
Rue du Grand Prieuré
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/


Denis Serrano.
Série Paysages de la tentative, 2021-2024.
Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Denis Serrano / Prix Découverte 2025
Hommes et Paysages pour un acte de Violence


Type de fabrication : Tirages d’exposition, collages et encadrements. Impressions sur papier peint.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Paysages pour l’attentat [Paisajes para el atentado] (2021-2024) et Hommes de pierre [Hombres de piedra] (2020-2024) sont deux séries photographiques que l’autrice a développées en parallèle et qui font partie du projet Hommes et paysages pour un acte de violence. Dans cet essai photographique, l’artiste s’intéresse à la santé mentale d’hommes adultes et à la violence de genre dans l’espace public de la ville de Mexico. Mettre en relation ces deux sujets d’étude l’amène à aborder le machisme comme une pratique culturelle enracinée dans la société mexicaine, laquelle se manifeste en public, à travers différentes formes de violence à l’encontre du genre féminin, et en privé, à travers l’auto-isolement émotionnel d’individus présentant des tendances suicidaires. En ce sens, l’autrice utilise le quotidien comme matière première pour sa recherche ; une prise de position qui peut être perçue comme héritière de la pensée féministe, assumant le personnel comme politique et la vie elle-même comme centre de la réflexion artistique. Ainsi, à la manière d’un flâneur, elle construit son identité, ses intérêts et préoccupations en relation avec la ville.

Hommes de pierre constitue la réponse de l’artiste au harcèlement sexuel vécu dans les rues de sa ville et Paysages pour l’attentat, sa façon d’aborder la vulnérabilité mentale d’un certain type d’hommes. Partant de cette relation, Serrano se demande si l’aspect lascif et violent du regard et du comportement masculin peut avoir pour toile de fond une éducation de genre qui nie aux hommes toute dimension affective. À travers cela, on peut dire que l’œuvre de Serrano explore une psychogéographie de la masculinité. Pour ce faire, elle utilise la photographie et le dessin comme des outils d’émancipation face à l’incompétence de l’État mexicain et le manque d’intérêt généralisé de la société civile.

Ainsi, l’artiste peut affirmer que ce qu’elle vivait auparavant de manière personnelle répond à une problématique profondément structurelle, et à la fois, assumer que le machisme représente une trame symbolique complexe dans laquelle l’histoire de l’agresseur révèle de nouveaux traits qui aident à comprendre la violence comme un phénomène culturel. Peut-être que finalement, l’hyper-masculinité est une construction sociale qui s’asphyxie avec la même corde qu’elle utilise pour opprimer ?

César González-Aguirré

• Date : Du 7 juillet au 5 octobre 2025
• Lieu : Espace Monoprix
Boulevard Emile Combe, place Lamartine
13200 Arles
https://www.rencontres-arles.com/