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Véronique de Viguerie, lauréate du Prix Roger Pic 2025, exposée à Paris

Kandahar, Afghanistan – Avril 2007. Les femmes de l’unité de police de Kandahar, guidées par Malalai Kakar, martèlent le sol, dissimulées sous des burqas pour récupérer des informations contre les talibans ou des hommes abusifs, volant au secours de leurs sœurs victimes de violences domestiques. © Véronique de Viguerie

La 33ème édition du Prix Roger Pic a été attribuée à la photojournaliste française Véronique de Viguerie pour son travail sur l’Afghanistan, et plus particulièrement sur la condition des femmes sous le régime taliban. Ce prix distingue chaque année un photographe porteur d’un regard humaniste et généreux. Il s’accompagne d’une dotation de 5 000 € ainsi que de l’organisation d’une exposition à Paris, à la galerie de la Scam, partenaire du prix.


Type de fabrication : Tirages d’exposition.
Le laboratoire Picto aide les photographes professionnels pour la réalisation de leurs expositions, des tirages à l’accrochage, en passant par les finitions et l’encadrement.


Afghanistan, no (wo)man’s land

Depuis plus de trois ans, les fondamentalistes Talibans sont de retour au pouvoir. L’ancienne guérilla ultra rigoriste, adepte d’une application stricte de la charia et d’un code tribal plus rigide encore, a déjà constitué son nouvel État : l’Émirat Islamique d’Afghanistan. Pour les citadines afghanes, c’est un cauchemar éveillé. Un scénario science-fictionnel qui les confronte aux fantômes chassés vingt ans plus tôt en 2001. La doctrine talibane se calque sur son premier acte lugubre. Les femmes émancipées sont dans son viseur : les parcs, le salon de beauté, l’espace public, le voyage, le secteur public leur sont interdits. Un châtiment équivalent à ceux que les fondamentalistes leur infligèrent dans les années 90, punissant à cette époque d’autres velléités d’émancipation – celles insufflées par les communistes. À différents degrés donc, les deux dernières décennies n’auront été qu’une parenthèse pour les femmes afghanes. Une faille spatio-temporelle dans laquelle les États-Unis et l’Occident ont engouffré plus de cent milliards de dollars et bon nombre de leurs illusions civilisationnelles. L’ère démocratique est révolue. Les Afghanes sont plongées dans le noir, prises dans ce cycle mortifère qui, d’une décennie à l’autre, les encourage, puis les broie, avant de reprendre son cours bien cruel.

Pourtant, à travers mon travail photographique, je refuse de les représenter uniquement comme des victimes soumises, figées dans la souffrance que leur impose l’histoire. Mon objectif capte aussi leur force, leur solidarité et leur courage : ces femmes qui, malgré l’oppression, continuent de lutter, de s’organiser et de prendre leur destin en main, défiant ainsi le regard que l’on porte trop souvent sur elles.

Véronique de Viguerie

Véronique de Viguerie, photojournaliste française née en 1978, couvre les zones de guerre les plus dangereuses. En 2008, son reportage sur les talibans en Afghanistan suscite un vif débat en France, révélant la complexité éthique du journalisme de guerre. Lauréate de plusieurs prix, dont deux Visa d’or en 2018, elle a documenté les conflits en Somalie, Irak, Syrie et Yémen. Son travail met en lumière les civils pris dans la guerre, notamment les femmes afghanes, qu’elle photographie comme des figures de courage et de résistance, défiant les clichés de victimisation.


• Date : Du 13 octobre 2025 au 6 février 2026
• Lieu : La Scam
5 avenue Vélasquez
75008 Paris
https://www.scam.fr/actualites-ressources/veronique-de-viguerie-prix-roger-pic-2025/