Du 8 janvier au 09 février 2013

Sous les apparats presque clinquants de la photographie de paysage, Jean-Yves Camus interroge le rapport que la pensée humaine entretient avec sa vision du paysage. Cartes postales contemporaines de territoires rêvés, ses photographies —espaces cinématographiques fragmentés — se révèlent d’excellents supports d’interprétations et de projections multiples.

Les conditions du changement climatique induisent à terme une montée des eaux ; jusqu’à un mètre d’ici 2100. Cette montée a déjà commencé pour certains territoires, obligeant dès maintenant des populations entières à migrer vers de nouveaux territoires. Je pars à la recherche de ces nouvelles terres où nous pourrions envisager de nous installer.
Mes recherches ont émergé à partir d’une réflexion sur le climat, le paysage et l’humain. Le concept principal oscille entre les aspects sociologiques et politiques que je souhaite mettre en débat avec la manière dont l’humain appréhende son habitat. Un habitat en devenir. Un habitat rêvé comme un espace de vie fantasmé.
Des déplacements réels ou fictionnels nous démontrent que le paysage est en perpétuelle mutation, qu’il soit sensible ou factuel.
L’individu use de sa culture pour opérer des repères qui le rassurent et qui lui permettent de comprendre l’environnement dans lequel il évolue. Il répond ainsi au besoin primaire de sa propre survie. Mon travail interroge le rapport que la pensée humaine entretient avec sa vision du paysage. La pensée est, elle aussi, en mouvement permanent, à l’image de la dérive des continents.
Les humains sont en permanence obligés de s’adapter aux divers changements qui interviennent tout au long de leur vie. Ces changements obligent à réorganiser constamment nos modes de pensées. Comme les mouvements tectoniques, nos repères psychologiques subissent des déplacements, qui nous transforment en profondeur.
Je construis ici avec mes images un espace fragmentaire, une utopie d’un nouvel eldorado à conquérir. Elles n’ont pas d’orientation prédéterminée, ce qui permet pour celui qui se l’autorise un nombre infini d’interprétations et de projections.
Comme Gilles Deleuze dans son concept d’« any-space-whatever » (espace quelconque), il s’agit d’un moment de pure liberté, sans contraintes, sans limites, seulement des espaces cinématographiques fragmentés dans lesquels le voyage n’est qu’une excuse pour créer des espaces contingents. Je fais des images du réel réinterprété, des cartes postales contemporaines.
J’ai investi les déserts comme des espaces à coloniser où l’homme pourrait se déployer. Mes photographies sont dénuées de présence humaine pour ne pas induire d’espace de représentation culturelle. Celui qui regardera pourra s’approprier ces lieux de constructions imaginaires et pourra entrer dans un espace-temps de contemplation.
Là où mon regard se pose, je construis ma maison. »
Jean-Yves Camus

Type de fabrication : tirage lambda sur papier RC brillant sous diasec à partir de la plateforme Picto Online.

Du 8 janvier au 09 février 2013
Lieu : CCAM – Scène nationale de Vandoeuvre
Rue de Parme
BP 90126 – 54505 Vandoeuvre-Lès-Nancy

Plus d’infos sur la réalisation d’une exposition : pictoculture@picto.fr